Michel Gaboret, le passeur de la rue Saint Benoit

Présentation

Michel Gaboret,

Michel Gaboret - Photo de Yoann Denaive

Certains diront « le Monsieur qui fait traverser la rue », d’autres plus curieux l’appelleront « Michel », quoi qu’il en soit Michel Gaboret est à son poste depuis 8 ans sur le passage piéton de la rue Saint-Benoît vers la rue Guillaume Apollinaire et pour les enfants qui empruntent ce chemin il est le passeur du rituel quotidien pour entrer et sortir de l’école.  

« Quand Michel nous fait traverser la rue il est toujours face aux enfants et dos aux voitures » note un parent d’élève. C’est vrai Michel est toujours face aux enfants, de bonne humeur et les invite à passer une bonne journée, une bonne soirée, un bon week end ou un bon déjeuner.

Une autre m’écrit « Je ne sais pas si Michel t’en parlera mais ce serait bien de préciser que, pour que nos enfants traversent en sécurité la rue Saint-Benoit, il subit quotidiennement au mieux des insultes, au pire des agressions physiques, de la part de chauffeurs (taxis ou VTC) commandés par des clients du Bel Ami et stationnant sur les passages piétons St Benoit et Guillaume Apollinaire ». En effet quand nous nous rencontrons un matin à11h avant son deuxième service il ne m’en parle pas. Alors je lui demande et il répond pudiquement « c’est tous les jours mais ça n’est pas important ».

Le passeur de la rue Saint Benoit

Michel est né un jour de Mai à Fort de France en Martinique. Il a eu 55 ans. Il trouve que ce n’est pas jeune mais n’a pas trop envie de penser à ça. Ce qui l’embête c’est la solitude. « Parfois je réfléchis, je me demande pourquoi je n’ai pas eu d’enfant. Et souvent quand je rentre à la maison je me trouve un peu seul. Mais je n’ai pas trouvé la bonne personne. Parfois je réfléchis à adopter un enfant, mais le temps est passé très vite, je suis resté seul trop longtemps. »

Les lundi, mercredi et jeudi il est à l’école pour 4 services et un de plus les mardi et vendredi.

En période électorale il travaille le dimanche sur le temps d’ouverture des bureaux de vote. Les fins de mois sont difficiles et il cherche un travail d’entretien, de ménage mais ça n’est pas évident avec ses horaires.

Dans son temps libre Michel est très casanier « Chez moi je regarde souvent  la télévision, surtout des documentaires sur l’univers, la science, l’histoire. Ce que j’aime c’est découvrir comment c’était auparavant, et comment ça devient. »

Un voisin nous interrompt, il est heureux d’échanger quelques mots en créole avec Michel. Il est en train d’étudier sa langue.

C’est la fin de notre rencontre, il est 11h20, les portes de l’école ouvriront sous peu et Michel est déjà à l’œuvre pour aider la fluidité des parents sur le passage clouté.

Marion Harlez Citti.

Pour le journal de l’APEE Saint Benoît

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